Moi, je construis des marionnettes
et j'explore les labyrinthes de Jodhra.
Eux, ils pourraient demander, mais ils ne savent pas ce qu'il en est.
Le sais-je, moi ?
Il a dit : Tu ne feras jamais rien, Sophia. Sais-tu pourquoi ? Tu n'aimes pas gâcher. Or, pour aller de l'avant dans la création, il ne faut pas avoir peur de gâcher. Gâcher du temps, de la matière. Donner de soi. Et toi, tu veux tout garder, en gardant tu perds tout. Te voilà enfermée de mon autre côté, nous nous regardons en silence, sans nous voir, sans nous écouter, sans nous savoir. Es-tu l'oeuf ou la poule ? Et moi ? Nous pourrions nous inventer un lieu de rencontre, un lieu secret, rien qu'à nous. Il serait temps, je t'entends le penser. Nous pourrions mélanger nos mondes, nous pourrions leur apprendre à s'aimer, nous pourrions croire en nos rêves. Il suffirait de quelques lettres bien ordonnées. Nous nous rendrions notre liberté. Sais-tu ce que je ferais si je sortais de ce théâtre ? je donnerais vie à mes marionnettes. Je me mêlerais au monde. Je m'en gaverais tant et tant que je ferais sans doute une overdose. Tu écrirais, "sa vie n'a été qu'une étincelle". L'étincelle qui relance toujours les battements de ton coeur, Sophia. Et tu me ferais renaître, et je m'enfuirais de nouveau, et je viendrais te sauver. Tu es enfermée dans ton propre théâtre avec ta marionnette. Vous m'entendez vous autres ? Sophia vit dans un monde ravagé, un monde de poussière, un monde en catalepsie. Son monde. Sophia est une marionnette, tout comme vous. J'agite des ficelles pour ne pas l'oublier, je lui dois bien ça, après tout. Petit corps mort, petit atome insécable, petit trou noir.
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